Christine Poutre se confronte à la matière brute et aux éléments naturels pour explorer une immensité de temps et d’espace. Pigments, poussière de marbre, sable, brisures d’éléments ramassés au fil de ses pérégrinations. Elle utilise tout ce qui lui permet d’interroger l’origine, le souffle de vie, la fracture du temps et de la terre, l’infinitude du ciel et de l’océan, de la nuit et du désert.
L’instant qu’elle parvient à saisir nous plonge dans la réflexion, dans le doute et l’incertitude sur notre condition humaine précaire, d’autant que ses toiles abstraites faites de matière concrète ne sont jamais peuplées d’êtres vivants. Rien ne permet d’y accrocher une représentation de soi Pourtant, elles agissent comme miroir de l’être.
Il faut accepter d’entrer dans cet espace où elle nous invite, s’immerger comme on plongerait dans un océan la nuit, se laisser pénétrer de son atmosphère malgré l’appréhension d’y croiser l’angoisse.
Christine Poutre accueille l’accident. Elle le cherche dans la profondeur de ses craquelures, de ses assemblages de matériaux divers où il est difficile de présager l’événement qui va s’y augurer. Elle assiste à l’épreuve, parfois à la catastrophe qui s’opère sans pouvoir la contrer. Elle nous fait témoin de ce chaos duquel va naître un réagencement naturel. Elle en espère un nouveau souffle, une pureté retrouvée, loin du chaos provoqué par la gente humaine.
Thierry Delcourt