Ce cycle concret doté d'une riche iconographie, a connu un vif succès à Reims et Paris. Il est réalisable par Thierry Delcourt dans tous pays francophones en cinq séances de deux heures.
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EXPRESSION, EXISTENCE ET CRÉATION AU FÉMININ
La création a-t-elle un sexe ? Existe-t-il une différence entre femmes et hommes quant à leurs pratiques créatives ? Que met en jeu le processus de création au féminin au-delà de la singularité de chaque artiste et de chaque œuvre ?
Il n’y a pas si longtemps que la création artistique des femmes a droit de cité et ce n’est pas sans combat ! Au cœur de la culture, questionnant ses archétypes, refusant les contraintes de la préfiguration et des valeurs canoniques, quatorze artistes - chorégraphe, poète, peintres, plasticiennes, styliste, sculpteures et compositeurs - ont accepté de parler longuement et intimement de leur pratique, de la place qu’elle occupe dans leur vie et des incidences de leur création sur leur être-femme. Ces créatrices partagent le souci d’une liberté d’expression et la détermination à être reconnues en tant qu’artiste au-delà d’une identité figée de femme-artiste.
LE CORPS EN QUESTION DANS LA CRÉATION AU FÉMININ
Le corps féminin est trop souvent pris au piège de l’image, entre attributs du corps et beauté d’objet dans une confusion entre être et avoir. La mise en jeu et en scène du corps dans l’acte artistique intervient en amont d’une représentation concrète du corps dans la figure ou la performance. Prendre le risque du corps, de la révélation du désir qui le traverse et de ses potentialités dès lors qu’il se libère des contraintes culturelles, constitue une étape obligée de la création artistique des femmes. Ainsi, il est possible de sortir d’une dualité aliénante entre beauté révélée d’une féminité sublimée et impure horreur de l’organe trivial. Des artistes ont osé faire œuvre de ce corps et nous le faire accepter dans sa réalité, dans sa corporéité irréductible, dans son existence pulsatile, dans sa jouissance et parfois sa souffrance.
Thierry Delcourt, Psychiatre et psychanalyste à Reims, auteur de ‘Au risque de l’art’ Éditions L’Age d’Homme 2007 et de ‘Artiste Féminin Singulier’ chez le même éditeur, Juin 2009.
CONCEPT, ABSTRACTION ET FIGURES DE L’ART
Est-il judicieux d’entretenir une catégorisation qui oppose expression et concept, intuition et pensée, corps et langage, sensible et intellectuel, figuration et abstraction ?
La création artistique au féminin peut nous aider à sortir de ces différenciations sectaires artificiellement introduites qui découpent le mouvement prolifique de la création contemporaine. Un éclairage précieux est apporté par les parcours de créatrices ainsi que par la compréhension de leur processus de création et du motif de leur travail. Cela permet de mettre en relief certaines distinctions enrichissantes et de tendre des passerelles entre des approches artistiques que tout semble, a priori, opposer. Il n’est plus question de différence sélective purifiant un art élitiste mais de nuances et d’équivoques ouvrant à une hétérogénéité inédite. L’hétérogène distingue l’altérité au cœur du sujet singulier, entre les êtres et dans leur rapport au monde.
LES FEMMES ET L’ART BRUT
Du tricot à la broderie, de la cuisine à la décoration, un art conjugué au féminin depuis l’aube des temps et dans toutes les cultures, est contraint à rester défini comme mineur et même, le plus souvent, réduit à un artisanat répétitif, récréatif et non créatif. Or, il s’y dévoile, pour qui sait le voir et l’entendre, un potentiel inouï derrière l’évidence du quotidien. Peut-on rapprocher ce vaste territoire d’expression créative des pratiques d’art brut ou d’art singulier ? Peut-on y voir le pivot d’une transmission culturelle essentielle en tant que facteur de pérennité et d’évolution de la culture qui préserve une précieuse dimension d’humanité dans un monde où humanité et transmission sont en crise et semblent en péril ? Une mise en perspective de ces actes et productions séculaires des femmes avec ceux des grandes figures féminines de l’art brut (Aloïse, Magda Gil, Séraphine de Senlis…) permet de mieux situer ce lien entre pratiques quotidiennes, artistiques et culturelles dans le tissage d’une civilisation.
SUBVERSION ET AVANT-GARDE : L’IDENTITÉ À L’ŒUVRE
La reconnaissance de valeurs dérangeantes, précaires et multiformes, introduites par la création au féminin, est desservie par l’extrême diversité des voies ainsi ouvertes dans un monde qui a besoin de classer, de catégoriser et de valider. Ce n’est donc pas d’une absence de valeur réelle dont souffre cette création, mais de ne pas se conformer à un système préétabli de valeurs esthétiques, culturelles et économiques, au risque de s’en trouver pénalisée dans sa visibilité auprès du public.
La plupart des créatrices travaillent, sous différentes modalités, l’aliénation symbolique qui traverse le corps, le langage, l’identité et les comportements. De ce fait, elles se cherchent, et se trouvent, au cœur de la révolution artistique contemporaine. Elles prennent un risque réel dans leur acte et leur vie, sans hésiter à aller jusqu’à une subversion bouleversant le regard et l’entendement de celles et ceux qui tentent de saisir une œuvre qui leur échappe dans la complexité de ses fragmentations et réagencements.
Thierry Delcourt (copyright réservé)