C'est un problème d’éducation, d’information et d’apprentissage dans lequel les parents ont un rôle important à jouer et une responsabilité dont ils ne peuvent se dédouaner.
Ils sont en première ligne pour protéger leur enfant des violences, des manipulations dont il peut être victime sur Internet. Pornographie, pédocriminalité, complotisme, lobby sectaire, ils utilisent tous les moyens pour atteindre le public ciblé des jeunes, victimes faciles car influençables. Il s’agit d’individus pervers ou d’organisations mafieuses, émanant parfois d’un État aux intentions malfaisantes.
Parent poltron/enfant mouton. L’enfant n’a pas à être esclave des RS et d’applications au marketing agressif. Le parent doit le guider sans avoir peur des crises et du conflit. Le principal apport éducatif est de permettre à l’enfant de construire son identité, son libre arbitre et sa capacité à penser et à critiquer. Être parent, c'est donc un métier difficile !
1ère règle d’éducation : ne pas craindre le conflit avec l'enfant mais dans une relation régie par le dialogue et l’écoute. L’enfant est une personne en développement, donc plus le conflit est tardif, plus il sera radical. Il faut un cadre et un cap dès la naissance. Être gentil avec son enfant, c’est aussi ne pas dire oui pour lui faire plaisir ou pour éviter le conflit. Céder parce qu’on est occupé ou par faiblesse, ce n’est pas le respecter. Il s’agit de faire de lui un être humain, lui permettre accéder à l’adolescence puis au statut d’adulte capable d’effort et d’action pour être indépendant, libre et citoyen.
L’autorité n’est pas un gros mot. L’enfant est en construction donc les parents ont pour mission de le socialiser et le faire accéder à la connaissance. On ne frustre pas l’enfant pour le plaisir mais pour qu’il construise son désir. Il passe ainsi de l’exigence et de la tentative de toute-puissance à l’effort pour accéder à son désir qui n’est pas satisfaire ses pulsions. Il faut faire avec les autres et non pas les faire plier. Il n’y a pas de désir viable sans respect du désir des autres. Sinon, c’est la perversion et la tyrannie narcissique.
Or, les réseaux sociaux et la consommation de contenus numériques (jeux, vidéos) fixent les enfants dans l’illusion de satisfaire aussitôt ses envies. Cela neutralise son effort et le conduit à scroller des contenus sans intérêt qui passent le temps, tuent le désir et réduisent la capacité d’attention et de réflexion.
Mens sana in corpore sano. Nous avons publié des rapports sur la pratique des écrans, réseaux sociaux et jeux vidéo afin d’alerter sur les risques et les aptitudes des enfants selon leur âge et pour rappeler les besoins de la construction affective, psychomotrice et cognitive. Ces recommandations sont peu suivies et on constate une aggravation des troubles de l’attention, de l’agitation, de comportements violents et du repli sur soi qui peut aller jusqu’au trouble autistique.
Laisser l'enfant sur des contenus inappropriés et des durées importantes, relève de l'abandon éducatif. Tout y incite dans notre société où l’enfant est une proie de consommation. Les parents ne sont pas fautifs mais deviennent complices s’ils n’exercent pas leur autorité. L'utilisation des écrans doit être régulée.
Les parents sont souvent captifs des réseaux sociaux qui usent de séduction et ont tendance à faire perdre l’esprit critique, le libre-arbitre. Les professionnels peuvent aider les parents à se réapproprier l’éducation, à gérer la pratique des RS pour eux et pour leur enfant en tenant compte de son âge et de ses aptitudes.
La règle 3/6/9/12, les recommandations Arcom et Pegi pour les contenus, le respect de l'âge, le contrôle parental aident les parents à poser un cadre éducatif incontestable.
Avant 3 ans, aucun contenu dématérialisé mais l’exploration de l’environnement et des objets à construire, en privilégiant le langage par les histoires. La capacité créative forge le sensorimoteur, le psychomoteur et le cognitif.
De 3 à 6 ans, des dessins animés en présence des parents, en interactivité. Ni téléphone, ni jeu vidéo, en veillant aux frères et sœurs.
De 6 à 9 ans, découverte accompagnée et brève de jeux vidéo adaptés à l’âge mais ni YouTube, ni téléphone. Jamais seul avec un écran, encore moins dans sa chambre.
De 9 à 12 ans, 1/2h de jeu vidéo sur des jeux de construction et d’aventure. Ni contenu violent, ni téléphone même si ça commence à être difficile à imposer au regard des copains.
12 ans : l’âge de l’initiation progressive aux réseaux sociaux car il faut vivre avec son temps, donc téléphone mais sous contrôle parental et jamais seul dans sa chambre. La durée ne dépasse pas 1h par jour, un peu plus le week-end avec jeux vidéo adaptés à son âge. On évite les contenus abêtissants. On bannit tout contenu violent et sexuel.
L’initiation aux réseaux sociaux oblige les parents à se former et prendre connaissance des pièges que tendent ces réseaux sociaux et l'enfant qui est vite plus performant dans le maniement des technologies numériques. L'éducation numérique prend du temps et de l’énergie dans une vie bien remplie, mais elle est indispensable pour éviter que l’enfant ne devienne une proie, une victime, un mouton.
Dr Thierry Delcourt, pédopsychiatre, écrivain, Reims
Je ne sais plus qui je suis, Max Milo, 2025
Je ne veux plus aller à l’école, Max Milo, 2023
La fabrique des enfants anormaux, Max Milo, 2021
Je suis ado et j’appelle mon psy, Max Milo, 2016
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