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THIERRY DELCOURT

THIERRY DELCOURT

CARREFOUR ENTRE ART, PSYCHIATRIE ET PSYCHANALYSE. Recherche sur le processus de création et la capacité créative dans le soin et l'existence


Parents, Enfants et Réseaux Sociaux

Publié par Thierry Delcourt sur 27 Juin 2024, 07:15am

Catégories : #adolescence, #pédopsychiatrie

Parents, Enfants et Réseaux Sociaux

Un problème d’éducation, d’information et d’apprentissage dans lequel les parents ont un rôle important à jouer et une responsabilité dont ils ne peuvent se dédouaner.

Ils sont en première ligne pour protéger leur enfant des violences, des manipulations dont il peut être victime sur Internet. Pornographie, pédocriminalité, complotisme et lobby sectaire, qui utilisent tous les moyens pour atteindre le public ciblé des jeunes, des victimes faciles car influençables. Il s’agit d’individus pervers ou d’organisations plus ou moins mafieuses, émanant parfois d’un État aux intentions malfaisantes.

Parent poltron/enfant mouton. L’enfant n’a pas à être esclave des RS et d’applications au marketing agressif. Le parent doit le guider sans avoir peur des crises et du conflit. Le principal apport éducatif est de permettre à l’enfant de construire son identité, son libre arbitre et sa capacité de penser et de critiquer. Être parent… un métier difficile !

Première règle d’éducation : ne pas craindre le conflit avec l’enfant à condition que la relation soit régie par le dialogue et l’écoute. L’enfant est une personne à part entière mais il est en développement, donc plus le conflit est tardif, plus il sera radical. Il faut définir un cadre et un cap dès la petite enfance. Être gentil avec son enfant, c’est aussi ne pas dire oui pour lui faire plaisir et/ou pour éviter le conflit. Céder parce qu’on est trop occupé, par faiblesse ou paresse, ce n’est pas le respecter. Il s’agit de faire de lui un être humain, c’est-à-dire le faire accéder marche par marche à l’adolescence puis à un statut d’adulte capable d’effort et d’action pour être indépendant, libre et citoyen.

L’autorité n’est donc pas un gros mot. Par définition, l’enfant est en construction et les parents ont pour mission de le socialiser et de le faire accéder à la connaissance.

On ne frustre pas l’enfant pour le plaisir de le frustrer mais pour qu’il construise son désir. Il passe ainsi de l’exigence et de la tentative de toute-puissance à l’effort pour accéder à son désir qui n’est pas juste la satisfaction immédiate d’une pulsion. Il faut faire avec les autres et non pas les faire plier. Il n’y a pas de désir viable socialement sans respect du désir des autres. Sinon, c’est la perversion et la tyrannie narcissique.

Or, les réseaux sociaux et la consommation effrénée de contenus numériques (jeux, vidéos…) maintiennent l’enfant et l’ado dans l’illusion de satisfaction immédiate de ses envies. Cela neutralise son effort et conduit à scroller sur des contenus sans intérêt qui passent le temps, tuent le désir et réduisent la capacité d’attention et de réflexion.

Mens sana in corpore sano. Nous avons publié des rapports sur la consommation des écrans, réseaux sociaux et jeux vidéo afin d’alerter sur les risques et les aptitudes des enfants selon leur âge et pour rappeler les besoins de la construction psychoaffective, psychomotrice et cognitive. Ces recommandations sont très peu suivies et on constate une aggravation des troubles de l’attention, de l’agitation, de comportements violents et du repli sur soi qui va jusqu’à prendre l’allure d’un trouble autistique.

Laisser son enfant surfer sur des contenus non appropriés et/ou sur des durées trop importantes, relève d’un abandon éducatif. Or, tout nous y incite dans une société de consommation où l’enfant est une proie, y compris pour les médias. Si les parents ne sont pas fautifs, ils deviennent complices s’ils n’exercent pas leur autorité parentale. Les RS et les jeux vidéo n’ont pas à diriger le foyer et altérer les relations familiales.

Les parents eux-mêmes sont souvent captifs des réseaux sociaux qui savent user de séduction et ont tendance à faire perdre l’esprit critique et le libre arbitre. Il faut donc aider les parents à se réapproprier l’éducation, à gérer la découverte et l’apprentissage des RS pour eux et pour leur enfant en tenant compte de son âge et de ses aptitudes.

La règle 3/6/9/12, les recommandations Arcom pour les contenus, le respect d’âge d’accès aux RS et le contrôle parental aident les parents à poser leur cadre éducatif.

Avant 3 ans, aucun contenu dématérialisé mais l’exploration de l’environnement et des objets à construire, en privilégiant le langage par les histoires qu’on leur raconte. Ainsi l’enfant construit ses capacités sensorimotrices, psychomotrices et cognitives.

De 3 à 6 ans, quelques dessins animés en présence des parents et en interactivité. Ni écran, ni téléphone, ni jeu vidéo quel qu’il soit, en veillant aux grands frères et sœurs.

De 6 à 9 ans, découverte accompagnée et brève de jeux vidéo adaptés à l’âge mais ni YouTube, ni téléphone, et jamais seul avec son écran, encore moins dans sa chambre.

De 9 à 12 ans, 1/2h de jeu vidéo en privilégiant les jeux de construction et d’aventure. Ni contenu violent, ni téléphone, et même si ça commence à être difficile à défendre.

12 ans : l’âge de l’initiation progressive aux réseaux sociaux car il faut vivre avec son temps, donc téléphone mais sous contrôle parental et jamais seul dans sa chambre. La durée ne dépassera pas 1h par jour, un peu plus le week-end avec jeux vidéo adaptés à son âge. On évite les contenus abêtissants. On bannit tout contenu violent et sexuel.

L’initiation aux réseaux sociaux oblige les parents à se former, se recycler et prendre connaissance des pièges que tendent les réseaux sociaux et leur enfant qui est souvent plus performant qu’eux dans le maniement du numérique. Cette éducation numérique prend du temps et de l’énergie dans une vie souvent déjà bien remplie, mais elle est indispensable pour éviter que l’enfant ne devienne une proie, une victime, un mouton.

Dr Thierry Delcourt, pédopsychiatre, écrivain, Reims

Je ne veux plus aller à l’école, Max Milo, 2023

La fabrique des enfants anormaux, Max Milo, 2021

Je suis ado et j’appelle mon psy, Max Milo, 2016

Vos questions, mes réponses par adresse mail : thcdco@gmail.com

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