AFPEP - ARDPF
SÉMINAIRE DE PRINTEMPS
PSYCHIATRIE ET TRAVAIL
REIMS - 2 AVRIL 2016 - 14 h à 18h (ouvert à tous publics)
Maison de la Vie Associative - 122 bis, rue du Barbatre - Reims
14 h – Plénière
Lise GAIGNARD, psychanalyste auteure de « Chroniques du travail aliéné »
Olivier BRUNSCHWIG, psychiatre, membre de l’AFPEP
Présidente : Monique THIZON – Discutant : Thierry DELCOURT
15h30 – Conférence Pr Yves CLOT, Professeur titulaire de la Chaire de psychologie du
travail du Conservatoire National des Arts et Métiers
16h30 – Table ronde autour de Lise GAIGNARD, Yves CLOT, Olivier BRUNSCHWIG
Maître Pascal GROSDEMANGE, avocat spécialiste du travail, Reims
Matthieu BARBIER, Coach travail ressource, Paris
Anne-Catherine CHANIER, médecin du travail, Reims
Martine FONDO, médecin généraliste, Reims
Sofia El ALAMI, psychiatre, Reims
Loïc TANA, psychiatre, Reims, conseil de l’ordre départemental de la Marne
Les psychiatres sont de plus en plus souvent sollicités par des demandes de patients exprimées sur le mode d’une souffrance au travail, d’un harcèlement professionnel ou d’un Burn out. Bien qu'exercés à décrypter les demandes et à leur donner parfois une toute autre dimension, les psychiatres subissent une pression qui émane de patients en souffrance, de médecins du travail et de médecins traitants se faisant les porte-voix d’un appel à l’aide des travailleurs en difficulté, sans compter le battage médiatique autour de la souffrance au travail, qui aggrave le problème dans le registre trompeur de la compassion et de la victimisation.
S’il n’est pas question de négliger ces appels à l’aide, le psychiatre n’a pas à devenir un des rouages d’un système où les problèmes sociétaux, économiques, politiques et citoyens liés au travail se verraient échouer chez le psy. L’équation actuelle : travail + souffrance = trouble psychiatrique, relève d’une dérive de pathologisation et de psychiatrisation. La catégorisation en inaptitude dans un contexte de handicap psychique ne saurait guider les aménagements qui méritent d'être étudiés pour chaque situation particulière ; tout comme la reconnaissance de la souffrance au travail comme maladie professionnelle est un compromis réducteur des enjeux autour de ces questions.
Si le psychiatre a le souci de prendre en considération la souffrance, les symptômes et le péril psychique, il doit rester vigilant à n’être pas le bras armé d’un processus de déshumanisation ou de victimisation. Dans son exercice quotidien, le psychiatre veille à accompagner celui qui n’est pas a priori un patient, mais un citoyen en difficulté dans son cadre professionnel, et qui exprime une souffrance. Le psychiatre peut aussi lui apporter une information sur ses droits, des conseils quant à ses interlocuteurs (médecin du travail, inspection du travail, syndicat, avocat…).
Cette posture citoyenne n’empêche pas de s’enquérir du contexte de vie, des évènements, des antécédents médico-psychiatriques, ni surtout d’écouter attentivement ce qui se dit et se met en scène lors de cette demande d’aide. Il est parfois difficile de faire coexister ces différentes positions, mais elles se complètent, dès lors qu’une véritable rencontre se produit dans ce colloque singulier… qui reste parfois le seul lieu de parole pour un individu en désolation.